Ce poème est un message de ma petite lapine blanche aux yeux rouges, décédée en Août 2011. Il date d’une semaine environ après son départ. Il est aussi un plaidoyer de ma part contre l’incinération. J’ai offert selon son désir Ally à la terre si fraîche pour qu’elle y devienne à son tour un brin d’herbe, une fleur. Offrande à la multiple vie des insectes vivant sous la terre, j’ai laissé découvrir à Ally la boule terrestre et ses merveilles de pierres précieuses et bien d’autres encore qui nous seront révélées à notre mort. Ally dort près de l’étang selon son souhait, ses directives que j’ai reçues intuitivement.
Je précise que je vivais alors à la campagne, auprès des vaches qui étaient les amies d’Ally, elle aimait aller gambader dans leurs pattes. Les vaches si grosses léchaient le visage d’Ally qui se laissait faire. Nous avions aussi les oies et les poules de la ferme. Le héron qui visitait parfois l’étang, les biches, les écureuils, et même quelques autres lapins. Et les mésanges, le geai…..
Lorsqu’on aime la terre, à notre avis, l'on se donne en cadeau. Rester juste des cendres est cruel pour la terre et la faune, la flore.
Mummy moi aussi je suis fourrée à la fraise,
Mon sang est doux et frais comme celui des groseilles,
Un moût tout neuf juste tiré de la belle treille,
Un peu plus pâle chaque jour, mais toujours vermeil.
Je vis au milieu des parterres de verte oseille,
Je deviendrai une de ces fleurs aux abeilles,
Multiples, celles agiles qui feront l’ambre miel,
Alors c’est vrai, je suis de la terre le sel.
Sous moi vibre une boule de feu arc-en-ciel,
Des lueurs bleues, don d’un gaz qui te sert pareil,
De longs filons d’or et de gemmes y étincellent,
J’entends chaque fois ta foi qui se fait appel.
Nous sommes à jamais de vraies amies, demoiselles,
Que la lune baigne, que réchauffe le soleil,
N’oublie pas ma maman de bien laver le ciel,
Car viendra le jour où nous y serons plus belles.
Un trésor de je t’aime déjà s’amoncelle,
Pour la vie, toi et moi, ta petite gazelle,
Je m’amuse bien ici, joue à la marelle,
Pousse le cochonnet de mes pattes un peu frêles.
Je vais souvent me reposer sous la tonnelle,
Le vent y est léger, je goûte les asphodèles,
Les ours sont des artistes, les chevaux ont des ailes,
Ce paysage m’enchante, est-il irréel ?
Je suis un glaçon au verre de menthe à l'eau,
Cet endroit est joli, oui cet endroit est beau,
Où tu m'as mise là lorsque j'allais piano,
Pour Dieu, je fais dodo, mon corps est un cadeau.
J'entends jouer légers de purs violons alto,
Je suis si bien Mummy oui Mummy j'ai si chaud,
Je vis si pretty dans ce mousseux paletot,
Dis-leur bénie que je reviendrai de bientôt.
23 août 2011
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